vendredi 14 mars 2008

L’art du parler creux


Ça m’apprendra à rire des déboires de Max au boulot (c’était pas méchant pourtant): suite à une réorganisation je me retrouve à bosser pour une virtuose du pipeau. Elle m’énerve ! Je la supporte plus.

Au début on était amis (on s’est même invités à dîner mutuellement). Elle m’impressionnait. Tout allait bien.

Puis j’ai vite compris que son vrai talent c’est le baratin. Les pipeauteurs m’agacent: ils font du vent en réunion en utilisant un maximum d’adjectifs dans la même phrase pour faire des « propositions constructives » destinées à relever des « défis » (synonymes du mot « problème » en fait). L’anglais se prête parfaitement à tout ce baratin.
Tout ça m’énerve car je suis moi-même nul en pipeau (surtout en anglais of course) mais je sais aussi que c'est crucial dans le développement de carrière. C’était donc l’occasion de m’améliorer, d’apprendre quelques airs …

Mais voilà qu’elle commence à me demander des comptes, ce que je fais chaque jour, ce que je dois faire le lendemain. A moi !
Depuis, tout ce qu’elle fait ou dit m’énerve au-delà du raisonnable (son ton « business executive woman » au téléphone m’exaspère).

De nature mesquine et discrète (ceux qui ont bossé avec moi le savent, je parle de la discrétion !) je me suis vite répandu auprès de mes collègues qui lui vouent une haine farouche et démesurée (faut même que je la défendes, c’est pour dire).
Objectivement, elle fait des trucs que j’avais jamais vu. En réunion d’équipe (ambiance conseil d’administration d’une mutli-nationale la vieille d’une OPA hostile) elle nous demande par exemple de répondre à l’agenda en 3 points. Bibiche, tu gères 2 personnes et y a pas d’OPA vu qu’on est fonctionnaires !!!!

Mais ce qui me rend dingue c’est qu’elle corrige tout ce que j’écris, au stylo rouge en plus. La plupart de ses corrections sont évidement mesquines et inappropriées (j’avais encore jamais vu une parenthèse (dans une autre parenthèse)). Mon anglais est loin d’être parfait et j’accepte volontiers la critique mais là c’est vraiment n’importe quoi.
Bref, j’ai lancé les grandes manœuvres pour être transféré. Sauf qu’aujourd’hui j’apprends que ça se fera pas avant juillet … J’ai donc pris mon courage à deux mains.

J’ai commencé par analyser les sources du conflit : elle.
Puis j’ai identifié les sources possibles de déclenchement de conflit : le stylo rouge, une question sur mon emploi du temps.
Il fallait ensuite élaborer un plan d’action pour sortir du conflit étape par étape : Bibiche, je peux te parler 2 minutes ?
J’ai développé une écoute active et amorcé le dialogue : j’aime pas ta méthode de management.
Ça m’a permis de comprendre son fonctionnement psychologique et son cadre de référence: elle admet elle-même être « control freak » (c’est exactement ça) mais promet de changer.


Ouf, j’ai bien cru qu’on arriverait pas à réinstaurer un climat de travail positif et motivant permettant de relancer la performance de l’équipe et les bénéfices mutuels.

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